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Les nouvelles solutions d’épargne à l’heure du numérique

Cela fait maintenant près de deux décennies que les banques en ligne ont fait leur apparition dans l’hexagone. Véritable révolution dans un monde où les habitudes évoluent en douceur, les banques en ligne ont mis du temps à s’imposer comme une alternative crédible aux banques traditionnelles disposant d’un réseau d’agences en dur. Le secteur de la finance est, après la santé, celui où les individus accordent le plus d’importance à la relation de confiance avec leur interlocuteur. Il aura fallu l’arrivée d’une génération de digital natives, à l’aise avec l’idée d’un service bancaire 100 % en ligne, pour que l’engouement décolle. Les banques en ligne comptent désormais plusieurs millions de clients en France.

La révolution numérique ne concerne pas seulement les services bancaires. C’est tout l’écosystème de la gestion de l’épargne qui évolue. Ces dernières années, de nombreux acteurs ont fait leur apparition en se positionnant sur les services à destination des épargnants individuels : PEA/compte-titres, assurance vie, gestion pilotée, suivi de l’épargne, etc. Certaines sociétés proposent une simple digitalisation de services déjà existants, tandis que d’autres sociétés plus ambitieuses (on parle alors de fintech) vont plus loin dans l’innovation en reformulant complètement la nature des services proposés. La digitalisation des solutions d’épargne s’accompagne d’une triple promesse :

  • des frais réduits,
  • des services plus performants,
  • une souscription et une gestion courante simplifiées.

Ce pari est en grande partie tenu par les nouveaux acteurs de l’épargne. Nous vous proposons ici un tour d’horizon des nouvelles solutions d’épargne et services à l’heure du numérique.

Investisseurs en actions : les précurseurs de nouveaux usages

Les investisseurs en actions font partie des early adopters des nouveaux usages permis par le numérique. Que ce soit pour l’analyse graphique des cours de bourse ou l’analyse fondamentale des actions, les investisseurs sont avides de données et souhaitent également pouvoir passer des ordres en temps réel.

Ainsi, dès les années 90, certains fonds d’investissement précurseurs faisaient déjà du data mining bien avant que ce champ d’activité ne soit popularisé comme il l’est aujourd’hui. On peut notamment citer le cas du fonds d’investissement D. E. Shaw & Co, fondé par un docteur en informatique, ce fonds affiche des performances bien supérieures à celles des fonds classiques. Pour parvenir à un tel résultat, le fonds d’investissement n’hésite pas à recruter des talents dans les sciences dures, lesquels développent des modèles mathématiques s’appuyant sur les données micro et macro-économiques et visant à identifier les arbitrages financiers les plus intéressants. Cette stratégie dite quantitative repose massivement sur l’essor de l’informatique. Parmi les autres fonds s’appuient également sur une stratégie dite quantitative pour allouer le capital, on peut citer Renaissance Technologies, ce fonds a été fondé par un mathématicien et affiche lui aussi des performances exceptionnelles.

L’informatique a très rapidement conquis les salles de marchés, mais aussi les investisseurs individuels. Cela fait maintenant une vingtaine d’années que les épargnants peuvent passer des ordres d’achat depuis internet. Des courtiers en ligne ont rapidement émergé et su séduire les boursicoteurs avec des prestations plus complètes et compétitives que celles proposées par les banques traditionnelles.

Ainsi, après la lecture d’un comparatif de PEA (ou de compte-titres), de nombreux épargnants font le choix de transférer leur PEA depuis leur banque traditionnelle vers une banque en ligne (Boursorama, Fortuneo, Hello bank!, etc.), ou basculer directement de leur banque vers un courtier spécialisé en ligne (DEGIRO, Bourse Direct, Saxo, etc.). Ce changement est généralement motivé par la quête de frais de passage d’ordre plus bas, et la suppression des droits de garde (des droits encore appliqués par certaines banques). Ces frais peuvent aller du simple au double (voire davantage), en particulier pour les ordres passés sur des places étrangères. Or, de plus en plus d’investisseurs s’intéressent aux marchés étrangers.

Beaucoup d’investisseurs plébiscitent les valeurs technologiques, lesquelles sont essentiellement situées aux États-Unis. Les performances du CAC 40 font pâle figure à côté de celles du NASDAQ (l’indice de référence pour suivre les valeurs technologiques américaines). De nouveaux courtiers proposent une expérience 100 % sur smartphone, c’est notamment le cas de Trade Republic, un courtier comptant d’ores et déjà plus d’un million de clients en Allemagne, son pays de lancement. Les jeunes générations ouvrent souvent directement leur compte chez un courtier en ligne.

Les investisseurs les plus chevronnées n’hésitent plus à se tourner vers des brokers en dehors de l’Europe. On peut par exemple citer Interactive Brokers, ce courtier américain séduit des investisseurs français exigeant en proposant une gamme de services très étendue. Notamment avec la possibilité de prêter ses titres (l’actionnaire est rémunéré pour cela et améliore ainsi la performance de son épargne) ou l’accès à des produits dérivés pointus, la possibilité de détenir des liquidités en devise USD, etc.

Les investisseurs en actions ne sont pas les seuls à ouvrir la voie en termes de digitalisation des solutions d’épargne et d’investissement. Les investisseurs “pères de famille” ont également accès à des produits d’épargne 100 % en ligne, par exemple l’assurance vie.

Assurance vie

L’assurance vie est un des piliers de l’épargne en France, les encours investis sur les assurances vie représentent environ 1800 milliards d’euros, lesquels sont répartis sur les près de 50 millions de contrats ouverts dans l’hexagone. Quand un épargnant a rempli ses livrets (livret A et Développement Durable et Solidarité), l’assurance vie est généralement le placement par défaut proposé par les conseillers bancaires. Dans certains cas, l’assurance vie se substitue même aux livrets en raison de deux avantages non négligeables :

  • l’assurance vie permet d’investir sur un placement sans risque plus rémunérateur que les livrets : les fonds euro,
  • l’assurance vie offre une fiscalité sur les successions plus avantageuse.

Ces deux avantages expliquent à eux seuls une bonne part de la popularité des assurances vie. Les fonds euros sont des supports d’investissement à capital garanti, ils sont gérés par des assureurs. En cas de défaillance de l’assureur (événement très rare), les épargnants bénéficient en sus d’une garantie à hauteur de 70 k€. Les Français privilégient la sécurité du capital, les fonds euros répondent donc parfaitement à cette attente. Aussi, les fonds euros affichent des performances comprises en 1 et 2 %, ce qui est très supérieur aux taux actuels des livrets d’épargne.

Fini le temps où l’ouverture d’une assurance vie nécessitait le déplacement dans son agence bancaire ou chez son conseiller en gestion de patrimoine pour les plus fortunés. Désormais, on compte de nombreux courtiers en ligne spécialisés. Souscription en ligne, gestion 100 % en ligne. À la clef : des frais réduits, l’accès à des supports d’investissement plus performants, et des services plus complets que ceux proposés par les banques traditionnelles. Voyons cela plus en détail.

Frais réduits

Les frais liés à la détention d’une assurance vie vont du simple au double selon les contrats. Les courtiers en ligne proposent les assurances vie avec les frais les plus compétitifs, loin devant les assurances vie distribuées par les banques traditionnelles. Les trois principaux frais que l’on rencontre sont :

  • les frais de versement,
  • les frais de gestion,
  • et les frais d’arbitrage.

Du côté des courtiers en ligne, on trouve des contrats sans frais de versement et sans frais d’arbitrage ! Un argument qui fait mouche à l’heure où certaines banques prélèvent près de 3 % de frais sur versement (voire davantage, même si ces frais sont généralement négociables).

Concernant les frais de gestion, ils vont de 0,50 % pour les meilleures assurances vie en ligne à près de 1 % pour les contrats en agence bancaire les moins compétitifs. Cela n’a l’air de rien, mais un écart de frais de 0,50 % annuel représente près de 5 % de frais globaux sur les encours au bout de 10 ans.

Les frais d’arbitrage sont prélevés par certaines banques à chaque fois que l’épargnant transfert de l’argent d’un support vers un autre support. Là encore, les épargnants ont plutôt intérêt à privilégier les contrats sans frais d’arbitrage tels que ceux proposés par les courtiers en ligne dès lors qu’ils envisagent de diversifier leurs placements et d’ajuster périodiquement cette allocation.

Si ces contrats proposent des prestations aussi intéressantes, c’est en raison de la numérisation des services. Les courtiers proposent une expérience client 100 % en ligne, que ce soit pour la souscription ou la gestion courante du contrat.

Les frais élevés constatés sur les assurances vie commercialisées par les banques traditionnelles ne s’accompagnent pas de prestations premium. Au contraire, les courtiers en ligne proposent les contrats les plus richement dotés en supports d’investissement et options de gestion.

La numérisation des services s’accompagne d’un choix plus large de supports d’investissement

Les assurances vie commercialisées de nos jours sont presque toutes des assurances vie “multisupport”. Le souscripteur peut allouer son capital sur un fonds euro et/ou le placer sur d’autres supports plus rémunérateurs tels que des fonds d’investissement en actions et même des supports immobiliers. Il s’agit des “supports en unités de compte”. Les épargnants qui investissent sur le long terme sont de plus en plus nombreux à privilégier les supports en unités de compte pour investir leur capital. Certains assureurs imposent d’ailleurs aux épargnants d’allouer une partie des versements vers des supports en unités de compte.

Parmi les assurances vie commercialisées par les courtiers en ligne, on trouve des contrats avec un choix énorme de supports en unités de compte. Ainsi, il n’est pas rare de voir des assurances vie vie en ligne donner accès à plusieurs centaines de supports ! La numérisation des services s’accompagne d’un choix plus large de supports d’investissement. Mieux encore, ces contrats proposent une architecture ouverte, c’est-à-dire que le contrat donne accès à des fonds gérés par des sociétés de gestion tiers indépendantes de la société qui commercialise le contrat. Les assurances vie en ligne proposent donc un choix et une qualité de supports beaucoup plus intéressants que les assurances vie des banques traditionnelles. Avec ces dernières, l’épargnant est restreint à quelques dizaines de supports “maison” peu attractifs en termes de frais et de performance.

Le corollaire de cette offre pléthorique en matière de supports accessibles sur les contrats en ligne est que les épargnants s’y perdent et ne savent pas comment investir leur épargne. Qu’à cela ne tienne ! Ils peuvent compter sur des services de gestion pilotée, ces derniers passent eux aussi à l’heure du numérique.

Gestion pilotée

Le principe de la gestion pilotée (ou gestion déléguée) est relativement ancien. Les banques traditionnelles ont de tout temps proposé ce service. Dans le cadre d’une gestion pilotée (on parle aussi de gestion sous mandat), l’épargnant confie un mandat à un gestionnaire pour gérer les encours qu’il détient, généralement sur une assurance vie ou un plan d’épargne retraite, plus rarement sur un plan d’épargne en actions ou un compte-titres.

Les courtiers en ligne proposent des gestions pilotées semblables à celles des banques traditionnelles, avec toutefois des frais de fonctionnement réduits. La révolution digitale est à chercher du côté des fintech. De nouvelles sociétés dépoussièrent la gestion pilotée. On peut notamment citer Yomoni, Nalo, Wesave, etc. Ces nouveaux acteurs combinent des tarifs compétitifs et une offre de services complète, et innovent également dans la stratégie d’allocation.

Les fintech se démarquent également en matière de degré de personnalisation de l’allocation. Alors que les acteurs traditionnels ne proposent généralement que 3 ou 4 profils (on les retrouve généralement sous les dénominations “sécurisé, équilibré et dynamique”), les fintech proposent jusqu’à une centaine de profils d’allocation ! De quoi moduler plus finement l’allocation de l’épargnant. Pour définir le profil d’allocation adapté à l’épargnant, ces fintech s’appuient sur des outils décisionnels numériques que l’on appelle les robo-advisors. Ces nouveaux outils nous arrivent des États-Unis.

L’autre point disruptif de ces fintech concerne les supports d’investissement retenus pour allouer le capital. Là encore, les fintech s’appuient sur une invention qui nous vient d’Outre-Atlantique : les fonds indiciels.

Fonds d’investissement : les investisseurs se tournent de plus en plus vers la gestion indicielle

L’essor des fonds indiciels est l’une des grosses tendances de ces dernières années. Le principe des fonds indiciels est simple : le fonds se contente de reproduire la performance d’un indice boursier. Les investisseurs peuvent ainsi souscrire des fonds reproduisant la performance du CAC 40 ou du S&P 500 (l’indice de référence aux États-Unis). Afin d’optimiser la diversification de leur portefeuille, les investisseurs optent pour des allocations “monde”. Ainsi, les fonds indiciels répliquant la performance de l’indice MSCI World sont très populaires.

On trouve des fonds indiciels cotés en continu sur les places boursières : les ETF (Exchange-Traded Funds). Les ETF ont fortement gagné en popularité en raison de leurs frais de gestion très réduits et de leur excellente performance. L’idée de répliquer de façon passive un indice remonte au milieu des années 70, c’est à cette époque que John C. Bogle, fondateur du Vanguard Group et considéré comme le père des fonds indiciels, lance un fonds répliquant un panier de 500 actions. Mais c’est seulement récemment, avec la numérisation extrême des services financiers, que la popularité des ETF décolle.

La gestion indicielle s’oppose à la gestion active. Les fonds de gestion active (fonds traditionnels) cherchent à battre les marchés. En pratique, ils peinent à atteindre cet objectif. La faute à des frais de gestion importants, de l’ordre de 2 % par an, qu’implique la rémunération des équipes d’analystes financiers chargées d’investir le capital pour le compte des clients. A contrario, les frais de gestion des fonds indiciels sont inférieurs à 0,50 %.

Des sociétés de gestion françaises telles que Amundi et Lyxor se sont positionnées sur le créneau de la gestion indicielle et proposent plusieurs dizaines d’ETF. Certains de ces fonds sont éligibles au plan d’épargne en actions (PEA). On les retrouve également dans la liste des supports en unités de compte des meilleures assurances vie en ligne. Les fintech proposant des gestions pilotées articulent leur stratégie d’allocation des encours autour des ETF. Ils parviennent ainsi à diminuer drastiquement les frais de gestion, ce qui profite directement à la performance nette de frais délivrée aux épargnants.

L’essor des ETF est rendu permis avec l’informatisation des grandes places boursières. De nos jours, la gestion indicielle représente une fraction importante des encours sous gestion.

Les agrégateurs de comptes

La numérisation des services financiers permet désormais de centraliser la vue d’ensemble sur ces différents placements. Des protocoles d’échange de données entre établissements ont été développés ces dernières années. Cette technologie permet l’émergence de nouveaux services. Un service évident est l’agrégateur de compte. On peut notamment citer la startup Finary, laquelle propose une interface en ligne permettant de centraliser ses comptes et d’avoir une vision complète de son patrimoine.

Cette vue d’ensemble s’accompagne de fonctionnalités permettant de mieux apprécier l’état de son patrimoine. Notamment via des indicateurs de performance, un relevé des frais de gestion, une vue consolidée de l’allocation sur l’ensemble des actifs, etc. D’un point de vue technique, ces agrégateurs ne disposent que d’un accès en lecture seule sur les comptes tiers, le protocole d’échange de données a été développé en mettant l’accent sur la sécurité informatique (directive DSP2). Les applications de cette technologie n’en sont qu’à leurs débuts mais ouvrent la voie vers une meilleure gestion de l’épargne.

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